• Un peu d’Histoire
Après avoir étudié divers arts martiaux traditionnels japonais dès l’âge de six ans: judo, aikido, karate, kendo, dont le Hakko® Ryu Jujitsu de 1972 à 1993, Thierry Riesser, en 1996 se résout malgré lui à fonder son propre courant, à la fois par nécessité et pour répondre à l’incitation du deuxième Soke héréditaire de l’école japonaise.
Shodai Soke Okuyama Ryuho, en 1982, fit de Thierry Riesser un héritier de fait (nous n’avons pas dit: « l’héritier de fait ») en lui léguant officiellement son nom de famille (Okuyama) et un prénom (Shizan), par la remise d’une certificat authentique. Rappelons que ce type de transmission, d’un Soke à un disciple, et alors qu’un héritier familial était vivant (Nidai Soke) n’a jamais été enregistré au Japon. Et qui plus est dans le cas d’un étranger. On comprendra que cela ne fit pas que des heureux, que ce fut source de lourds questionnements, et ce fut aussi, presque logiquement pourrait-on dire quand on connait un peu la nature humaine, le point de départ d’une certaine campagne de désinformation, quand ce ne fut pas de calomnies ou diffamation, de la part de ceux que cela gênait le plus, au Japon comme en Europe, ou aux Etats Unis.
Un deuxième Héritier, occidental de surcroît…
Quand Shodaï Soke laissa entièrement la gestion de l’école à son fils, les quelques mois précédant son décès, bien des rumeurs circulèrent quand à savoir qui serait le futur Nidai me. Il n’était pas certain que ce fut le fils, bien que la tradition y oblige et que personne n’eut été désigné par ailleurs. C’est à cette époque que fut constituée Somukyoku, une sorte de conseil de Shihan plus ou moins anciens et plus ou moins actifs mais qui, dans tous les cas, souhaitaient asseoir leur influence, profitant de ce qui était ressenti au Japon comme un manque de charisme de la part du nouveau Soke. Shihan Riesser a bien connu cette époque troublée et troublante où les comportements, parmi les Shihan japonais, se révélèrent quelque peu en marge de la bienséance nipponne et de la tradition de respect des kohaï envers leurs sempaï ou leurs sensei. Quoiqu’il en soit, il était clair que rares étaient ceux qui envisageaient de façon enthousiaste la nomination du fils.
On peut bien le dire aujourd’hui avec le recul et l’expérience, ces craintes étaient on ne peut plus justifiées: l’itinéraire de l’école depuis le décès de Shodaï Soke ne fut pas une pente ascendante mais au contraire celui d’une descente vertigineuse dans laquelle bon nombre de gaijin se sont perdus ou ont pris un élan parfaitement illégitime, surfant allègrement entre mensonges et approximations à la faveur de la désorientation manifeste de la tête de l’école.
Okuyama Shizan, un nom qui fâche
L’immense majorité des Shihan japonais, comme Okuyama Shizan, avait toujours travaillé fidèlement sans jamais s’écarter des règles du Hombu dojo, mais cette nouvelle politique, si l’on peut appeler cela ainsi, instaurée dans l’Ecole après la mort du Fondateur, fut l’occasion de multiples défections, de démissions, dont celle de Okuyama Shizan qui voulait rester fidèle à l’enseignement reçu, à son « père spirituel » et aux règles minimum de déontologie à l’égard de ses élèves. Afin de notifier son départ, Okuyama Shizan se rendit spécialement au Hombu Dojo japonais, juste après le décès de Shodaï Soke, en 1987, s’exprima en présence de Nidai Soke et de plusieurs Shihan, dont Shihan Irie, La Monica, Aoki, Sugiyama, et quelques autres. C’est à cette occasion qu’il donna très officiellement, et donc devant nombre témoins en réunion, une première fois, sa démission. Il était alors l’un des très rares Shihan a avoir reçu le 6è dan, lors d’une session définitivement unique, et ne réunissant, à par lui, que des japonais.
Quelques temps plus tard, lors d’un séjour aux USA où il avait été malgré tout, et très curieusement, convié par Nidai Soke (malgré donc sa précédente démission), il lui fut demandé de ré-intégrer le Hombu Dojo. Ce qu’il fit sans grande conviction puisque rien n’avait vraiment changé et que Somukyoku, dont la composition variait régulièrement, n’avait pas plus de poids qu’un ballon de baudruche. Nidai Soke donnait invariablement raison au dernier qui parlait et distribuait les exclusions pour un certain nombre de vieux Shihan japonais, sans besoin d’aucune justification. C’est à cette époque que Nidai Soke écrivit à son « frère » Okuyama Shizan pour lui dire qu’il devrait faire sa propre école. Rien ne changeant donc vraiment dans la politique générale, notamment à l’égard des étrangers, il démissionna une nouvelle fois, en 1992, en se rendant à nouveau au Japon à cet effet. Il confirma encore sa démission, de retour en France, par deux courriers recommandés avec A.R.
Durant les années qui suivirent, il y eut encore bien des explusions, parfois méritées, parfois parfaitement injustes et injustifiées.
Une démission transformée en “exclusion”
C’est par fidélité envers son Sensei, le Fondateur Okuyama Ryuho, que Okuyama Shizan las des vaines querelles, fonda son propre courant qu’il appela tout naturellement «Okuyama® Ryu».
Mais pour ne pas perdre la face puisque Shihan Okuyama Shizan démissionnait, le Hombu japonais fit une annonce d’ « exclusion », bien longtemps après sa démission. Il est regrettable de le dire, mais il s’agit là d’une manœuvre profondément malhonnête, qui révèle le désarroi et la grande désorganisation de cette école. Le temps de Shodaï Soke était bien fini. Ces procédés ne plaident pas en faveur des dirigeants de l’époque et de ceux qui sont encore près de la tête de l’école.
La démission en question, faite au Hombu dojo japonais comme nous l’avons précisé, lors d’une réunion spéciale, et en présence des témoins que nous citons, fait partie de l’Histoire du Hombu dojo, et il est surprenant que certains la mette en doute alors qu’ils l’ont vécue…! Mais il est vrai que le nom de Okuyama Shizan, donné par le Fondateur, à l’évidence trop lourd de sens pour certains, ne pouvait que créer quelques remous.
Concernant la fondation de son propre courant, qu’il fallait bien se résoudre à créer, sensei Okuyama Shizan peut produire ce courrier du deuxième Soke dans lequel ce dernier encourage, comme expliqué plus haut, celui-ci à fonder sa propre école. Le double langage est très surprenant pour bon nombre d’occidentaux et occasionne bien des malaises chez eux. Mais ce n’est pas rare en extrême-orient et au Japon en particulier. D’où la nécessité, si l’on veut pouvoir se prononcer valablement sur toutes ces “histoires“, de posséder une connaissance suffisante de la culture. Ce qui généralement demande de nombreuses années de fréquentation assidue. Et n’est pas garanti pour autant.
On aimerait que Okuyama Shizan n’ait jamais existé alors qu’il s’agit d’un acte délibéré du Fondateur du Hakko® Ryu que de léguer son nom à l’un de ses disciples.
Il est surprenant de voir que ceux qui prétendent au Japon poursuivre l’œuvre de leur Fondateur ne respectent pas ses volontés, voire tentent de les effacer… Est-on alors dans une voie dite « traditionnelle »?
A cet égard, le nombre d’inexactitudes, voulues, ou liées à une complaisante ignorance, présentes notamment sur internet, est assez terrifiant.
Ces précisions sont regrettables à produire mais finalement indispensables car garder le silence laisse libre court aux… approximations, sinon pire.
Nul doute pourtant que cela ne fera pas taire les médisants, ou tout simplement les ignorants qui aiment à discourir sans savoir. Mais ainsi au moins, ceux-ci se désigneront d’eux-mêmes…
De vraies démissions en série
Toutefois, nous avons observé que les quelques occidentaux qui sont allés au Hombu du Hakko Ryu ces dernières années, ainsi que des sensei japonais prestigieux tels que Irie sensei et Segawa sensei (qui étaient parmi les témoins de nos propos) pour ne nommer que ceux que les occidentaux connaissent le mieux, ont largement contribué à faire s’éteindre ces inepties proches de la calomnie qui ont trop longtemps fait tourner les mauvaises langues, aux intérêts troubles.
Il semblerait qu’aujourd’hui l’Histoire retrouve ses véritables marques et que les passions laissent à nouveau place à une vérité plus simple malgré les très nombreuses et complexes péripéties de l’Histoire de ce ryuha.
L’avenir du Okuyama® Ryu
Le Okuyama® Ryu se fait donc une joie, sinon un devoir, que de conserver et partager scrupuleusement l’essence du Hakkor®yu tel que le Fondateur le transmettait entre 1975 jusqu’à son décès, et ainsi que de nombreux Shihan japonais l’enseignaient et, pour certains, continuent encore de l’enseigner.
Pour autant, on peut reconnaître que chaque individu, chaque Shihan, apporte sa touche personnelle dans sa pédagogie, que l’on soit d’ailleurs dans, ou hors de son Ecole Mère.
Toutefois, les principes fondateurs restent les mêmes sous peine de ne plus être un “yawara” et encore moins un “do” ou un bugei.
Okuyama Shizan oriente par conséquent son enseignement sur une technique rigoureuse, efficace et sans usage de la force musculaire, et s’attache pour cela à une compréhension très claire des principes physiques, anatomiques, et mathématiques, pourrait-on dire, qui la sous-tendent.
C’est cette clarté dans l’analyse, cette limpidité dans la transmission, cette efficacité sans redondance qui ont séduit les Instructeurs des Forces de l’Ordre et qui a permis à Okuyama Shizan (Thierry Riesser) de concevoir et développer, au sein de la Gendarmerie Nationale les concept de R.O.R. et A.P.R. qu’il enseigna, quelques années durant, au Centre d’Excellence Européen de l’Ordre Public, (CNEFG) à St Astier, avant de repartir vivre au Japon.
Tant que le Hombu japonais du Hakko ryu ne clarifiera pas ses positions, notamment dans l’évidente ségrégation à l’égard des gaijin (exclusion de ceux-ci dans les organigrammes et exploitation financière outrancière), non-respect des engagements pris (des certificats remis, des responsabilités engagées, etc..), et n’aura pas à cœur de réparer les préjudices du passé, ce qui ne semble pas être pour demain, le Okuyama® Ryu restera une valeur stable car présentant un enseignement transparent, responsable, et fidèle au Soke fondateur et à ses ambitions.